On apparente souvent la vie à un chemin, une route . On retrouve cette métaphore dans différentes expressions communes comme par exemples " remettre sur le droit chemin ", " un jour nos chemins se (re-)croiseront " , " faire son petit bonhomme de chemin " .... Mais la question reste de savoir comment faut il l'aborder ? Quelle voie suivre ? Et comment ? Ces questions semblent lourdes dans le sens où l'intérêt de se les poser se veut nul. En effet de nos jours, l' Homme ne se pose plus la question puisque la Société apporte une réponse. La voie à suivre est celle qui conduit à la consommation, qui nous rendrait plus ou moins heureux. Plus généralement, vivre c'est l'appropriation de biens ou l'usage de services grâce au moyen de l'argent. Et l' Homme oublie, par là, de vivre. Car si vivre c'est rechercher le bonheur, alors ce n'est pas l'argent qui l'apporte. Beaucoup ne sont pas d'accord avec cette idée et pourtant les exemples de la tribut des Hulis en Papouasie Nouvelle Guinée ou des Zaparas en Amazonie nous montrent bien que sans l'argent on peut vivre et se sentir heureux.
En réalité un processus s'est mis en route depuis des siècles consistant en l'endiguement de la pensée. On la conditionne par la création d'un modèle; on a ainsi pour la période du 16ème et 17ème siècle le modèle du marchant où, le commerce permet l'enrichissement. Durant la deuxième moitié du 18ème siècle ceux sont les propriétaires fonciers qui sont pris pour exemple. Puis c'est le détenteur de capital qui est l’idéal à suivre .... C'est la poursuite de ce modèle qui est à l'origine du caractère vil et perfide de l'argent . Bref mon propos ne s'attardera pas d'avantage sur ce sujet ... en revanche il faut retenir que c'est la Société grâce a l'argent qui détermine notre chemin de vie. Ce chemin commence par un encadrement juridique dès la naissance et par l'évolution de l'être avec ses pairs dans un milieu défini ( famille, école...). Il y a pourtant des tendances hétérodoxes comme les croyants par exemple, ou les philosophes aussi , et quelques artistes comme les poètes ... qui vacillent en quelques sortes sur un double chemin celui offert par la société d'une part et celui qu'ils choisissent d'autre part.
Je crois qu'il faille commencer ce chemin à plusieurs, ( de toute façon nous n'avons pas vraiment le choix ) ; puis lorsqu'on a atteint un certain âge, non pas celui de l'adolescence, non pas celui de la majorité, non pas celui de la retraite mais celui où face à une situation complexe , nous sommes capable de répondre intégralement, en envisageant toutes les solutions possibles ( passées, présentes et futures ) mais aussi leurs conséquences à venir, alors à ce seul moment, nous pouvons nous détacher des autres, nous détacher des réalités matérielles, nous détacher de la société pour connaitre une autre réalité. L'isolement nous permet d'accomplir la plus grande partie du voyage.
En effet en avançant seul, on réalise un grand bout de chemin; d'abord parce que nous ne sommes pas retardés par les plus "jeunes" , ensuite parce que ça nous permet de ne pas être influencé. Enfin progresser seul, sur cette route, permet de clarifier notre esprit sur les buts à atteindre. Une fois les objectifs déterminés, c'est à nous d'avancer. La rencontre d'obstacle n'est rien contre une volonté inébranlable. Et si une baisse de régime se fait ressentir, si commence le combat entre l'épuisement et la volonté, il n'y a que trois échappatoires :
- la première consiste en l'arrêt ! Qui correspond à la mort du mouvement, on se réconforte car on pense être arrivé loin alors que les objectifs ne sont pas atteints. Puis un jour vient s'immiscer, dans notre vie, le regret . L'arrêt peut être aussi le résultat de la Mort prématurée du voyageur.
- La deuxième est de reprendre la route collégialement... c'est faire une pause en attendant l'arrivé de quelques autres pour mettre fin à l'époque solitaire. Et donc avoir recours aux chemins de Traverse. Ici on continue d'avancer mais l'esprit s'embrume, les objectifs, moins ambitieux, ont vocation d'être atteints. C'est souvent le moment où on se rend compte que nos ambitions sont trop lointaines et que le temps nous invite à oublier.
- La troisièmes solution est de ne pas renoncer, " car la constance dans l'objectif accomplit l'impossible" ! Chaque but atteint nous donne le pouvoir de continuer. Et face à un individu pourvu d'une telle volonté, une telle détermination, toute route, aussi sinueuse soit elle, est droite.
Parfois ceux que je surnomme d'ultra ambitieux, combinent les manières d'avancer. Parmi eux se trouve le Sage. C'est celui qui aura compris qu'il faut avancer seul, en se retournant sans cesse pour ne pas oublier le point de départ. C'est celui qui, même dans sa solitude sera au contact des autres, et les aidera à avancer,en les conseillant, en les armant... Puis il reprendra son chemin, seul, sans demander de comptes, car ses actes de bonté et de solidarité l'auront enrichi et lui auront permis de pouvoir avancer plus rapidement. Le sage n'utilise pas les chemins de Traverse même s'il en a connaissance; il en parlera durant ses rencontres mais jamais ne les conseillera. C'est également celui qui parcourt le plus de distance car son but est infini : Apprendre .
Il peut arriver qu'un homme considéré comme sage soit suivi, il doit continuer d'avancer comme s'il était seul . Car le sage n'est pas un maître mais un guide . Un à un ses "fidèles" s'arrêteront, las de chercher le Tout , las de l'attitude méprisante de leur sage, alors que le mépris sera nul. Le sage feindra l'ignorance mais il prendra les décisions nécessaires de sorte que tous puissent y trouver leur compte; mais il œuvrera dans le secret .
Sur cette longue route, je viens à peine de franchir le premier tournant, et bien que je recherche depuis longtemps la solitude, je me dois d'avancer avec la foule pour le moment. Mais, je me place en arrière, car c'est le résultat le plus sage que j'ai trouvé face à un choix qui s'est présenté à moi .
ET VOUS, Où en êtes vous ?