IV - Le sort du corps.
Le corps se décomposera naturellement et servira de nourriture. D’un point de vue historique, on enterre ses morts depuis des dizaines de milliers d’années. Il y a d’autres rituels dans le monde comme la momification, l’immersion, l’anthropophagie, l’incinération. Ces pratiques témoignent d’une certaine spiritualité.
La momification se justifiait par la croyance en l’immortalité. Le mythe d’Osiris, notamment, revenu à la vie grâce à la conservation du corps fonde cette croyance.
L’immersion consistait à offrir au défunt un repos éternel dans les eaux profondes de la mer ou de l’océan.
L’enterrement suit aussi ces mouvances. L’homme pensait qu’être enterré permettait le repos de l’âme après la mort corporel. D’ailleurs, dans l’Antiquité, les traîtres ou ennemis pouvaient être condamnés à la double peine, la mort et le refus de sépulture.
L’anthropophagie est la pratique la plus désuète, c’était aussi un rituel funéraire important. Dans les sociétés la pratiquant, on pensait récupérer l’âme ou l’énergie vitale du défunt en l'absorbant.
La crémation est à la fois une pratique spirituelle dans certains pays ou dans certaines civilisations disparues qui permettait à l’âme (la partie divine de l’être) de retrouver le monde divin. Cela permettait aussi d’éviter une réincarnation dans un corps pourri. La crémation c’est aussi dans nos sociétés occidentales, la pratique la plus rationnelle. Le corps est réduit en cendres par économie de temps, d’argent et de logistique.
J’émets l’hypothèse que nous avons enterré nos morts d’abord pour notre confort. Un corps en décomposition libère, dit-on, une odeur nauséabonde, une odeur qui augmente selon la chaleur. Or, géographiquement, l’histoire de l’humanité a commencé dans le croissant fertile mésopotamien et la pratique de l’enterrement s’est généralisée à partir de la sédentarisation.
V - Le Respect au mort.
Le mort est mort. Ca c’est une vérité incontestable. L’âme qu’elle soit au paradis, esprit frappeur, réincarnée ou inexistante ne reviendra jamais dans le corps quitté. Preuve encore que le corps ne nous appartient pas.
Que faire donc de ce corps ? L’enterrer ou l’immerger ? Oui pourquoi pas. Mais où ? Les cimetières, ce n’est pas très beau et ça prend de la place. Ca nécessite de l’entretien et ça coûte cher. Où est le respect dans le cimetière ? Le dépôt d’une gerbe par an ? Rares sont les tombes entretenues et fleuries toute l’année. Quant à l’immersion, je ne suis pas sûr que la décomposition n’ait pas d’effet sur l’environnement aquatique. Et puis maintenant avec nos dents en or, nos broches et chevilles en métal, nos prothèses et batteries, ça m’apparaît irrespectueux de l’environnement.
L’incinération n’est pas une si mauvaise idée. A l’état de cendres, la place prise est minimisée. Mais que faire des cendres ? Ce que le défunt aurait souhaité pour le peu que ce soit écologique. A défaut, ce que veulent en faire les proches parents.
La momification, ça en jette grave. Mais c’est un sacré boulot et niveau praticité, on peut faire mieux.
L’anthropophagie... Oubliez une seconde l’idée de manger de la chair humaine et imaginez un bon porc à la broche pour célébrer un événement. C’est le top, n’est-ce pas ? Et bien, ce serait la même chose. Avouons que ce serait mieux avec une hygiène de vie certifiée mais nous nous autorisons à manger des poulets et autres animaux gavés, encagés, sur-vaccinés et dénaturés… Ce serait une solution écologique et économique. De plus, c’est respectueux des autres, du mort aussi et de l’environnement.
Le temps que survit le souvenir, le respect du disparu demeure.
VI - Quand ce sera mon tour.
Si c’est pour être enterré, je préférerai que ce soit en forêt, en réserve naturelle, ou dans mon jardin. Que ma décomposition soit une offrande à la Terre. Sans pierre, ni croix … rien qui nécessite l’entretien. Quant au respect qui me serait dû, une fois mort, je pense qu’il doit être tourné vers la personne que j’étais ou vers mon âme si vous préférez et aussi envers ma famille. Chantez donc des chansons que j’aimais en me les dédicaçant. Souvenez-vous de moi et agissez comme vous l’auriez fait si j’avais été là, ne m’oubliez pas. Voilà de belles preuves de respect.
Si je devais être incinéré, je trouve symboliquement fort la conservation des cendres dans une urne avec mon portrait par-dessus. Comme un petit autel où l’on vient brûler parfois de l’encens pour me dire « je t’aime », « tu me manques », « repose toi bien ».
Si plus jeune j’étais branché bandelettes, la momification me plait beaucoup moins maintenant. Je pense surtout que je serais un fardeau et je risque même d'être endommagé pendant un déménagement. Alors à proscrire.
Enfin, si un jour, il vous est possible et concevable de recycler mon corps en repas copieux alors n’hésitez pas ! Vous pouvez même vous servir de mes os pour faire de jolis pendentifs, ou une décoration naturelle pour les fêtes Halloween.