- Puisque la guerre est à l'honneur, imaginons Arras, vue par l'un de ses habitants et artistes qui consignait dans son journal la découverte de la ville après avoir été bombardée. -
Lundi 20 mai 1940
Les obus ne sifflaient plus, plus de cris non plus, juste des pleurs. Je décidai de sortir dans les artères d'Arras. Ma si belle ville n'était plus qu'un champ de ruines. La ville devait être réanimée : elle avait perdu de sa vie. Ses si belles fleurs, ses si beaux jardins et ses pigeons si charnus, tout cela avait disparu. L'air poussiéreux proliférait au sein de mes poumons ; je toussai, je toussai !
Près de l'ancien parc, des arbres couchés étaient recouverts de tuiles brisées ; un réverbère faisait le pont sur le Crinchon et, dans le cratère formé par l'obus gisaient une colombe et la girouette de l'abbaye. L'odeur des pavés survivants battus par la pluie et caressés par le vent, était sulfureuse.
Le calme apparent n'est pas que silence ; on entend toujours le grondement de la guerre : les explosions, les avions, les pas pressés et l'Espérance.