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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 21:23

Ces mots furent une véritable révélation. Dès lors, je me relevai, et je décidai de rentrer.

 

Lorsque je fus arrivé au village, l'horreur me saisit. Des maisons avaient été pillées et brulées. Un tas de corps sans vie auquel on s'apprêtait à mettre le feu, pourrissaient à la sortie du village. Une rangée de têtes sur des pics longeait la rive. Je parcourais les ruelles, et je découvris que la potence avait eu raison de mon père et de ma mère pour avoir tenu tête à l'ennemi. Coincé sous une poutre en bois, je reconnus le père de Jonas, que j'allai immédiatement libérer. Je le fis boire un peu d'eau et l'installai sur les ruines d'une maison voisine. Il me compta les évènements survenus durant mon absence.

J'appris que les seigneurs voisins se liguèrent contre le notre qui préféra conclure un marché plutôt que de se battre pour cause d'un sous-effectif important. Les termes de ce contrat était l'arrêt de la guerre contre certains membres des populations civiles : des femmes, des enfants, et nos jeunes guerriers qui deviendront des esclaves pour certains et des soldats des seigneurs ennemis pour d'autres. Les résistants avaient été exécutés. Quant à Jonas, son père l'avait supplié de se rendre pour le moment, afin qu'il ne fusse pas tué.

Près de cinq années s'étaient écoulées depuis mon retour. Je m'étais surpassé. La colère, la haine et l'espoir nourrissaient mon désir de vengeance. J'appris nuit et jour le maniement des armes, les stratégies d'embuscade, les décoctions de guérison. Je m'appliquais lors de tous mes entrainements dans l'unique but de ramener mon ami parmi les siens.

J'étais prêt à repartir avec la poignée d'hommes, composée de quatre combattants à l'épée et deux archers, qui, comme moi, étaient animés par la force , la rage et l'envie de vaincre pour retrouver et libérer nos proches.

J'avais commandé au père de Jonas des armures uniques que j'avais moi même imaginées. Le heaume en forme de tête de Bélier était en métal et en bronze, l'armure dorsale avait été travaillée de sorte qu'un chêne décoratif fût gravé sur une plaque de métal. Sur l'armure ventrale, une double spirale de chaines liant deux coeurs à deux anneaux ornait également une plaque métallique plus épaisse que celle couvrant le dos. La protection des membres supérieurs était assurée par une armure en écailles de métal. Les gantelets étaient eux plus légers, et décorés par un cheval Blanc en relief au moyen de l'ivoire. Les membres inférieurs étaient protégés par des cuissots, des genouillères et des grèves en fer au devant, et en cuire rigide à l'arrière. Cette armure bien que complexe à réaliser était le fruit des voyages que j'avais entrepris. Elle offrait une protection quasi optimale et une légèreté permettant une grande agilité.

Pendant de nombreuses semaines nous menions campagne contre nos voisins sans être vaincus. Nous libérions nos villageois qui regagnaient notre village. Un mercredi à cinquante lieues de notre point de départ, nous approchions des mines où étaient réduits en esclavage le reste de nos familles. Les seigneurs avaient eu vent de nos exploits et avaient assigné trois sections à la protection des lieux, soit environ cent vingt hommes. Je séparai mon équipe en deux groupes de trois avec des directives précises. Mes hommes attendaient mon signal. La nuit tomba, l'offensive pouvait débuter.

Tout commençait à l'Est de ma position. L'archer décocha ses flèches rapidement en touchant avec précision ses cibles. Lorsque les ennemis se dirigèrent vers le sommet de la colline, ce sont les hommes à l'Ouest qui entraient en action en commençant par le second archer qui devait à son tour attirer l'ennemie. Une fois les positions repérées, c'était aux épéistes d'intervenir afin de laisser du temps aux tireurs de revenir sur ma position, pour qu'ils puissent les épauler à distance. A ma demande les carquois pouvaient contenir trente flèches assurant ainsi une grande autonomie à mes hommes. Pendant ce temps, moi je descendais vers les mines en faisant preuve d'une brutalité extrême. Les archers se débarrassèrent d'environ la moitié des effectifs, les quatre épéistes avaient défait une trentaine d'hommes. N'ayant plus de flèche mes tireurs étaient descendus m'aider avec des armes récupérées au sol. Les dix hommes restant furent tués rapidement et les archers se séparèrent pour aller aider chacun leur groupe respectif qui battaient en retraite. je libérai les prisonniers, dont mon ami Jonas. Tous sortirent des mines en se ruant vers les soldats restant, en récupérant à la volée les armes des défunts, pour soulager mes hommes. Jonas, surpris de me voir, les larmes aux yeux, me serra en m'embrassant pour me remercier. En sortant des mines je contemplais le chaos :

" - Quelle belle œuvre de cruauté ! Tous ses corps jonchés, tous ces cœurs percés, tout ce sang versé n'est pas l'œuvre d'Asmodée, mais bien d'Amédée, à qui plus tard on attribuera la paternité de la plus belle hécatombe de tous les temps. " Pensais-je.

Je zigzaguais parmi les corps, pour rejoindre mes compagnons. Nos villageois m'acclamèrent et Jonas apposa son poing sur sa poitrine pour me témoigner ses remerciements et son respect. Nous avions perdu deux combattants durant l'assaut. Je demandais à mes frères d'armes d'escorter le cortège et de prendre le chemin du retour. Je rassurai Jonas en lui disant que je les rattraperai vite, puis j'attendais que tous soient partis. Quelques heures plus tard, le feu se nourrissait des tentes et des corps sans tête des soldats défunts. Et devant le brasier, j'avais levé une armée, rangée en trois lignes, de quarante têtes, au visage grimaçant, élevés sur des pics. Puis je pris le chemin du retour. Mon retard fut vite comblé. Et lorsque j'eus rejoint le collège de villageois, je souris et je larmoyais de fierté, de contentement et de soulagement de les avoir libérés. Je m’exclamais en souriant et sur un ton goguenard:

" - Jonas, excuse moi de t'avoir fait attendre.

  - Par tous les Saints, je n'aurais jamais cru te revoir. Quel plaisir d'être libre. Amédée, pendant longtemps durant ma captivité j'ai pensé à toi. Je me demandais le genre d'homme que tu étais devenu, les histoires que tu avais vécues, les choses que tu avais apprises. Mais d’ailleurs, quand as tu appris à te battre et as tu acquis une telle force ?

  - Le jour même de ta capture ; je rentrais au village, je secourus ton père, j'appris ton asservissement et je décidais de te libérer.

  - Par la grâce de Dieu, je t'en remercie et je te suis éternellement reconnaissant. Il nous faut rattraper le temps perdu désormais. "

 

             Les semaines passèrent et notre retour au village fut triomphale. Notre seigneur était lui aussi présent avec son armée. Il demandait à ce que je m'avance et voulait que je lui prêtasse serment d'allégeance pour être investit chef de sa garde. je m'avançais et je clamais parmi la foule :

" - Qu'un lâche puisse demander fidélité et allégeance à son armée, constitue un comportement blasphématoire envers la noble tache qui incombe aux soldats, envers ses sujets, et envers Dieu. Ce lopin de terre, celui-ci, celui-là, et tout ce village n'est plus à la botte de CE seigneur déchu. Il est aujourd'hui libre et indépendant. Et ne sera dirigé que par un chef local, choisi par les membres de son peuple. Votre lâcheté vous a poussé à vendre vos sujets, ma bravoure et mon courage leur ont permis un retour au village. Telle était la conduite exemplaire d'un seigneur qui se respecte. Par bonté, je vous laisse la vie et je vous permets même d'intégrer notre communauté. Mais votre condition n'est plus en ces lieux."

La foule approuvait ainsi que les soldats. Je devins chef. Je me servais de mon long voyage, pour administrer mon village. Je le munissais d'une armée puissante, de remparts et de protections diverses lui assurant une longue prospérité.

 

              Un grand feu brulait au centre du village. Les flammes dansaient sous cette pleine lune, comme pour la charmer. Il faisait chaud, l'air sentait la viande grillée, je me souvins alors de mon abominable œuvre, les hautes flammes qui consumaient les déchets et l’odeur de la viande morte qui carbonisait... j’appréciais ainsi ce moment, en arrêtant mon regard sur chacun des visages des villageois, souriant, heureux d’exister, de boire et de manger. C'était l'occasion d'un grand banquet non plus d’un petit peuple mais d’une grande famille. Ce soir était propice à mon histoire. Je me transformais, pour le temps d'un soir, en héros qui narrait son épopée révérée. Le Bonheur et la Joie étaient là. 

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